02/10/2016

La réalité augmentée...en route pour l'usine...!!!



     Cet été, personne n’a échappé à la déferlante Pokémon Go, qui a transformé les villes du monde entier en terrain de chasse de petits personnages virtuels. Ce jeu sur mobile, qui a suscité une frénésie sans précédent, associe la géolocalisation précise de chaque joueur et une utilisation astucieuse de la réalité augmentée. Avec Pokémon Go, une fois repérée par le joueur, la créature virtuelle apparaît sur l’écran du smartphone, au milieu de l’image réelle captée par l’appareil photo. Avec un effet assez réaliste. « On bénéficie de l’amélioration des calculateurs sur les smartphones. Car le Pokémon doit s’adapter en permanence aux mouvements de l’écran, sinon ce n’est plus cohérent.

     La réalité augmentée désigne les systèmes informatiques qui rendent possible la superposition d'un modèle virtuel 2D ou 3D à la perception que nous avons naturellement de la réalité et ceci en temps réel. Elle désigne les différentes méthodes qui permettent d'incruster de façon réaliste des objets virtuels dans une séquence d'images.

     Les usages de la réalité augmentée ne se limitent pas au monde du jeu. Après les rues, on va les rencontrer de plus en plus dans les usines. « Pokémon Go constitue une excellente nouvelle, car avec sa puissance, l’industrie du jeu démocratise la technologie et fait avancer les choses », se réjouit Franck Bonard, program manager chez Testia, une filiale d’Airbus. L’avionneur utilise la réalité augmentée depuis cinq ans pour vérifier la bonne disposition des « brackets », 120.000 petites pièces servant à fixer les parois intérieures de l’avion. Un travail de trois semaines pour trois inspecteurs, ramené à trois jours pour deux personnes grâce à une application de réalité augmentée fonctionnant sur tablette. Le gain est tellement impressionnant que cette application développée en interne, Miira, est désormais vendue par Testia dans le monde aéronautique et par la société Immersion pour le reste de l’industrie.

Tablette, projecteur ou lunettes

     Si la tablette, devenue un objet courant, présente un profil rassurant pour n’importe quel utilisateur, elle a aussi deux inconvénients: le poids, qui oblige à s’en servir avec un harnais, et l’encombrement. D’où l’intérêt de la remplacer, dans certains cas, par un simple projecteur. L’image numérique s’affiche alors sur le plan de travail réel, laissant l’opérateur libre de ses mouvements. C’est le choix fait par le Boston Consulting Group pour son démonstrateur d’usine 4.0, l’Innovation Center for Operations (ICO), qui sera inauguré cette semaine sur le plateau de Saclay, au sud de Paris.
     A l’ICO, la réalité augmentée guide l’ouvrier pour assembler les différentes pièces d’une opération d’assemblage. Comment cela fonctionne-t-il ? Au poste de fabrication de phares des scooters un système projette sur la table de l’opérateur les instructions à suivre pour assembler les pièces et les délais impartis. Le tout afin que le travail puisse être réalisé par une personne dépourvue de compétences spécifiques. Plus loin, une tablette équipée d’un logiciel de réalité augmentée permet de contrôler la pose des pièces sur le châssis du scooter et d’alerter s’il manque un élément. Une opération complexe, qui exige normalement de mémoriser plusieurs gestes successifs. « La réalité augmentée va avoir un impact important dans l’industrie, car elle permet de diminuer le temps d’apprentissage en améliorant dans le même temps la productivité et la qualité - puisque l’on évite à l’opérateur de faire des erreurs -, tout en bénéficiant d’informations en temps réel », explique Moundir Rachidi, du BCG

Le groupe Safran regarde, lui aussi, cette technologie avec intérêt. Un comité travaille sur le sujet depuis un an, en s’attachant à imaginer tous les cas d’usage possibles. « Cela peut aller du moteur, sur lequel on vient projeter le positionnement des canalisations qu’il faut assembler, jusqu’à l’inspection d’un assemblage, en passant par la visualisation d’une nouvelle ligne de production dans un atelier vide », imagine Nicolas Lepape, de Safran. Le principal intérêt de la réalité augmentée est de faire le lien entre tous les outils informatiques, notamment ceux du bureau d’études et de l’usine. Chez Airbus, la technologie n’est d’ailleurs utilisée que pour les avions les plus récents, entièrement conçus sur ordinateur : A380, A350 et A400M. « C’est un pas supplémentaire dans la numérisation. La réalité augmentée permettra de faire descendre des informations opérationnelles sur le terrain, mais aussi de les faire remonter. C’est très nouveau », insiste Lionel Joussem et, fondateur de  Diota, une entreprise issue du CEA.

     Cette technologie sera omniprésente dans l’usine du futur. Elle l’est déjà chez Sunna Design, une jeune entreprise qui a conçu des lampadaires solaires vendus aux pays émergents. Utilisée sur les postes de montage de sa nouvelle usine de Blanquefort (Gironde), la réalité augmentée pourrait aussi être installée dans des sites de production à l’étranger. Par exemple au Sénégal, où les besoins sont estimés à 35.000 lampadaires, dont certains pourraient être produits sur place, en utilisant l’application de réalité augmentée pour accélérer la formation des opérateurs tout en contrôlant la qualité. On peut aussi imaginer que des techniciens puissent superviser certaines opérations depuis un autre site.

      La prochaine révolution interviendra avec la généralisation des casques de réalité augmentée. Grâce au verre transparent, l’utilisateur peut se déplacer et travailler tout en voyant s’afficher des images numériques. « Les lunettes posent toutefois encore un problème d’ergonomie et de fatigue, lié à leur poids, et de sécurité, estime Nicolas Lepape. Il faudra évidemment que la médecine du travail soit d’accord, et que les compagnons soient convaincus. Mais les progrès sont tels que cela devrait arriver dans un futur très proche. » Il restera aussi à choisir les applications les plus pertinentes. « Tout l’enjeu est de montrer que ce n’est pas un gadget et qu’il existe bien un retour sur investissement. On peut ainsi s’interroger sur sa pertinence pour certaines applications, comme la maintenance », explique Patrick Sayd.

 Et à plus long terme ?

     Certains anticipent un remplacement des casques ou lunettes de réalité augmentée au profit de lentilles connectées et actives. Mais quelle que soit la forme que prendra la technologie, « pour un jeune qui joue aujourd’hui à Pokémon Go et arrivera à vingt-cinq ans dans une usine cela sera naturel », prédisent certains.

D’autres applications

Jeu.

 Le premier marché de masse de la réalité augmentée. Les joueurs seront sans doute les premiers à adopter les lunettes de réalité augmentée.

Distribution.

Leroy Merlin teste la réalité augmentée pour présenter les modèles de poêles qui ne sont pas physiquement présents dans les rayons d’un de ses magasins. Elle servira aussi à guider un acheteur lors d’une opération de montage d’un meuble ou de bricolage.
IKEA vous permet de visualiser le meuble que vous pensez acheter,  dans votre cadre de vie.

Médecine.

En chirurgie digestive, la réalité augmentée permet de préparer l’intervention et de mieux conduire l’opération.

Tourisme.

Les applications se sont multipliées, par exemple à Paris, pour visualiser les stations de métro proches, ou, dans l’est de la France, pour découvrir des sites de la guerre de 1914-1918.

Automobile.

La marque DS propose une application permettant de voir le modèle d’exposition avec les différentes options.

 
(Extrait d’un article de Frank Niedercorn des Echos)

     Vous le voyez, la réalité augmentée n’a pas fini de modifier notre manière de travailler et de vivre…Vive la technique…
Bonne maintenance

Olivier