07/07/2018

La sous-traitance chez EDF....Attention...



     « La commission d’enquête parlementaire sur la sûreté et la sécurité des installations pointe les risques d’une maintenance d’EDF sous-traitée à 80 %. Et souligne le manque de formation professionnelle aux métiers du nucléaire.

     Le chiffre a de quoi interpeller : 80 % des travaux de maintenance réalisés par EDF sur ses 58 réacteurs nucléaires en France sont sous-traités. « Le recours à la sous-traitance peut se justifier dans certains cas et n’est pas, en lui-même, porteur de risques », note le rapport de la commission d’enquête parlementaire sur la sûreté et la sécurité des installations nucléaires présenté jeudi par sa rapporteure, Barbara Pompili (LREM). Mais « la perte de compétences des exploitants sur les missions constamment déléguées à des opérateurs extérieures a été clairement identifiée par la majorité des personnes entendues », alertent les parlementaires, qui préconisent de « favoriser la réintégration des compétences au sein des entreprises exploitantes afin de contenir le niveau de sous-traitance et de ce fait, de mieux maîtriser la conduite des sites ». « Le taux a toujours été de 80 %, il n’a pas varié, et la plupart des activités sont confiées à ceux qui ont fabriqué les équipements : Framatome, Alstom et maintenant GE, Schneider Electric… », a expliqué après la présentation du rapport, Dominique Minière, le patron du parc nucléaire d’EDF. « Et la réalisation des activités de maintenance n’est qu’une petite partie des activités : il y a aussi la préparation des activités, la coordination, l’ingénierie, l’exploitation, pour lesquels le taux de sous-traitance est bien inférieur », a-t-il voulu recadrer.

     La perte de compétences dans les opérations de maintenance est identifiée depuis plusieurs années. En novembre l’an dernier, Dominique Minière justifiait des arrêts plus longs que d’ordinaire en raison des « difficultés de compétences que nous constatons actuellement dans certaines équipes, notamment dans les équipes des principaux fournisseurs ». En 2016, le PDG d’EDF, Jean-Bernard Lévy, avait lui-même, lors d’une audition parlementaire, déploré qu’on ne parle plus suffisamment français sur ses chantiers. « Il y a un déficit évident dans l’enseignement professionnel, qui ne nous permet pas de disposer de toute la main-d’œuvre qualifiée dont nous aurions besoin », expliquait-il. De quoi engendrer des erreurs de compréhension potentiellement préjudiciables à la sûreté. EDF a d’ailleurs engagé un programme de réinternalisation de certains postes clefs dans la robinetterie, le soudage et la maintenance des diesels. « On réinternalise une petite partie de ces activités pour mieux contrôler ceux qui les font », a expliqué Dominique Minière jeudi.

     Défaut de surveillance après l’accident nucléaire de Fukushima, le niveau de sous-traitance autorisé est passé de 7 à 3 : le titulaire d’un contrat d’EDF peut ainsi faire appel à un sous-traitant qui fera lui-même appel à un prestataire. Sans toutefois faire varier le taux de 80 %. Au-delà de la perte de compétence, c’est sur le défaut de surveillance de ses prestataires qu’a aussi été questionné EDF ces dernières années : au Creusot sur les fabrications de l’ex-Areva (aujourd’hui Framatome), à Flamanville sur la réalisation des soudures par un sous-traitant de l’ex-Areva, sans compter les avaries techniques qui ont déjà coûté deux années de production à Paluel (Seine-Maritime). « Ce recours massif à la sous-traitance entraîne une dilution des responsabilités, notamment en matière de sûreté », pointe le rapport : « chacun se sent moins impliqué qu’auparavant, certaines anomalies sont constatées sans être reportées, la transmission informelle de l’information, des usages, ne se fait plus ». Ces sous-traitants sont parfois eux-mêmes fragilisés par EDF. Le groupe, pour limiter ses sorties de cash, a lissé et réduit ses investissements dans le grand carénage, le programme de maintenance lourde des réacteurs. Et certaines PME critiquent le parcours du combattant pour gérer leur trésorerie. » (article tiré des Echos du 5/07/18)

   Conclusion :

     Cet article confirme bien que dans toute entreprise les responsables maintenance doivent se poser un jour ou l’autre, les questions suivantes au sujet de la sous-traitance de certaines activités de leur secteur :
-        Que dois-je sous-traiter ?
-        Que dois-je absolument conserver et ne pas sous-traiter ?
-        Comment bien sous-traiter et quelles sont les règles de l’art en la matière ?
-        Comment bien définir mon besoin, pour avoir des coûts les mieux définis et les moins élevés ?
-        Comment obtenir (et contrôler) la qualité du service demandé aux prestataires conformément au contrat associé à un cahier des charges bien défini.

Voir ou relire notre article « Maintenance sous-traitée : quoi, comment, les règles de l’art » sur notre blog du Club des ingenieurs de maintenance. (rubrique « politique maintenance »)

Bonne maintenance
Olivier