Productivité, restructuration,
automatisation…ça bouge à l’usine
Renault de Flins
Le Club des ingénieurs de maintenance a organisé une visite de l'usine de Flins et a été reçu par le Responsable Maintenance de l'usine : Mr Stéphane RADUT. Pourquoi cette visite ?Une nouvelle organisation maintenance a été mise en place à l’usine Renault de Flins. Pour quelles raisons ? Quels en sont les avantages et inconvénients par rapport à l’ancienne organisation ? Quelles sont les évolutions de la politique maintenance de Renault ? C’est ce que l’on a voulu savoir en allant interviewer son chef de la maintenance : Stéphane RADUT.
Ancienne organisation :
Jusqu’au mois de Juin
2013, comme dans la plupart des usines
Renault, les services maintenance dédiés
au process de fabrication, sous la
responsabilité d’un Chef d’Atelier, étaient rattachés à chacun des chefs de département fabrication des métiers (emboutissage, tôlerie,
peinture, montage). Selon les sites
d’emboutissage, la fonction « outillage » étaient regroupées ou séparées de la maintenance (séparée pour l’usine de Flins). Les automatismes étaient rattachés à
l’ingénierie décentralisée. La maintenance générale usine (Fluides et énergies, environnement, sous-traitance, magasins, assistance technique : experts et labo électronique.) était sous la responsabilité d’un chef de la maintenance qui en outre coordonnait les services de maintenance situés dans ces métiers de fabrication. Gardien du métier de maintenance ce responsable était le correspondant privilégié des services centraux (ingénieries, bureaux d’études, nouveaux projets véhicules…) et des autres usines de l’entreprise et du groupe Renault/Nissan.
Nouvelle organisation :
Depuis cette date, une restructuration des services maintenance a vu le jour : Toute
la maintenance, avec les automatismes, a
été recentralisée sous la responsabilité
du chef de département maintenance générale usine. (voir schéma ci-dessous). L’implantation
des services maintenance dédiés au process
de fabrication restent inchangées.
SCHEMA
En l’absence du chef des fabrications, le pilotage du flux
de fabrication inter métiers lui incombe.« La
raison principale de cette restructuration a été non seulement les départs anticipés en retraite d’un grand nombre de compagnons
(et de leur savoir-faire), mais aussi une réduction des effectifs voulue, construite et non subie »comme nous
l’explique Stéphane RADUT.
Pour cette usine qui fabrique actuellement 490 véhicules (Clio, Zoé) / jour
en 2 équipes, l’effectif de la maintenance est de 292 personnes Renault
auxquelles il faut rajouter 40
prestataires et 40 apprenti(e)s.
Après plus d’un an de mise en situation, quel en est le
bilan ? Avantages et Inconvénients de cette organisation par rapport à
l’ancienne.
Avantages :
-
L’organisation et le Métier maintenance est
homogène.
-
Le « qui fait quoi » est défini (moi
je produis, toi tu répares…). La fabrication est plus disponible sur son métier
(volumes, qualité). Il y a un interlocuteur unique maintenance non seulement
pour les responsables fabrication ateliers mais aussi pour la Direction de
l’usine. (Stéphane RADUT fait parti du comité de Direction).
-
Les techniciens relèvent d’une responsabilité
qui connaît le métier de maintenance et qui sait gérer le court terme, le moyen
et le long terme avec une vision des cycles de vie des installations depuis la
conception des moyens jusqu’à leurs carry-overs ou leurs destructions.
-
Par leur mutualisation, la coordination des
experts entre ateliers et métiers est plus facile. La réduction
des « bras » doit être compensée par une souplesse et une
mobilité des techniciens et
automaticiens pour une plus grande réactivité. La polyvalence doit être
alors développée.
-
La gestion du personnel (et la répartition des
masses salariales maintenance/fabrication), les besoins de formation, les
gestions de carrière sont facilités, évalués, comparées par les contacts
directs et la hiérarchie de chacun des métiers.
-
La capitalisation des améliorations apportées à
partir d’arrêts longs ou fréquents ou la standardisation de supports ou
d’outils méthodologiques (indicateurs, méthodes d’analyse et de résolution des
problèmes, matrices de gestion des compétences..), de techniques utilisées sont
plus faciles à coordonner par le responsable de maintenance.
Inconvénients :
-
Risques de conflits entre les services : des
chefs différents (fabrication/maintenance), des budgets séparés, des priorités
pas toujours convergentes, des gestions du temps plutôt court terme pour les
activités de production, moyen et long terme pour les activités de maintenance
hors dépannage ( préventifs, travaux d’arrêt, automatisations..)
-
Cette restructuration des services de
maintenance s’est réalisée « en douceur » à l’occasion aussi de
changement de responsables fabrication et de maintenance, occasion de tourner
une page et d’éviter certains corporatismes.
-
Elle doit pousser la fabrication à assurer les
niveaux 1 et 2 de maintenance (pas
toujours facile à prendre en compte selon le métier)
-
La productivité par la diminution des effectifs
de maintenance porte ses fruits. Une mutualisation de certaines activités
(patrimoine, travaux neufs, experts, pièces de rechange…) est de plus en plus
réalisée par la création de pools multi-sites extérieurs à l’usine.
-
Dans les ateliers la disponibilité des
installations a été maintenue. La plupart des techniciens d’atelier sont restés
dans les mêmes fonctions et le même relationnel avec leurs « collègues » de fabrication.
-
Pour le chef de maintenance, la sollicitation a
nettement augmenté et nécessite avec son adjoint une bonne organisation.
-
Le profil du responsable maintenance, qui a une
fonction difficile à assurer, doit être alors complet : Outre une
bonne expérience en maintenance il doit
connaitre parfaitement les process de
fabrication, bon gestionnaire, diplomate (avec la fabrication) et surtout bon manager (meneur d’hommes bien
accepté par tous).
-
Une recherche d’automatisation de certaines
opérations et l’optimisation des flux se poursuivent dans chacun des métiers. Au ferrage et au montage la multiplication
des chariots filoguidés transportant les pièces lourdes et encombrantes
permettent la suppression des engins de manutention (donc des risques d’accidents),
-
En montage par exemple, la multiplication de ces
chariots filoguidés permet le dégagement
des bords de chaine et limitent le stockage des pièces. De même les servantes,
venant des pickings, présentent aux opérateurs la panoplie des pièces à monter.
Un robot dégage en bout de tronçon les
containers vides.
-
En peinture de nouveaux robots ont été implantés
pour les vernis simple couche. Le numérique, les réseaux, les wifis vont
continuer leur développement et vont nécessiter de nouvelles compétences pour
la maintenance.
-
Le développement des pools multi-sites
regroupera de plus en plus d’activités mutualisables qui réduiront les coûts.
-
Au fur et à mesure de la réduction des effectifs
de maintenance des usines Renault, des restructurations et de nouvelles
organisations deviennent nécessaires. Le
modèle de Flins va sans doute s’étendre à d’autres sites.
En conclusion, cette visite nous a concrétisé l’évolution de
la maintenance et le devenir de l’usine. Il nous reste à remercier Stéphane
RADUT pour sa disponibilité et les réponses apportées à nos nombreuses
questions, nous ayant témoigné avec sa fougue, son dynamisme, ses
compétences…sa passion pour la fonction de responsable maintenance.
Bonne maintenance
Alain SEKETA- Olivier GIRARD
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