Les
femmes peinent à percer dans l’écosystème des start-up : moins de 1 startupper sur 5
est une femme. Le Forum Jeunes Femmes et Numérique
veut « accélérer » la carrière des futures
startuppeuses.
La
liste des participants au troisième édition
du Forum Jeunes Femmes et Numérique, qui se tient à Paris ce
jour, souligne l’ampleur de
l’enjeu. Malgré de
nombreux événements de ce type, les femmes restent sous-représentées dans l’écosystème
des start-up. Pourtant,
les structures d’accompagnement
qui leur sont dédiées sont nombreuses : le réseau Girls in Tech, l’incubateur Paris
Pionnières, la commission Femmes du numérique du Syntec, ou encore la Journée de la femme digitale.
Malgré cela, les femmes ne représentent toujours que 15 à 20% des créateurs ou cofondateurs de
start-up en France, d’après le
baromètre Girls in Tech. Selon Syntec Numérique, seules
10% des jeunes pousses sont dirigées par des femmes, et elles ne représentent que 27% des salariés du secteur numérique, contre
48% pour le reste de l’économie. Une présence bien trop discrète, que constate Marie-Hortense Varin, associée chez Partech Ventures : « Très
peu de femmes nous contactent,
et elles sont très peu à être CEO et à occuper d’autres postes dans de grands
exécutifs. »
Prédilection pour l’e-commerce
Emmanuelle
Larroque, organisatrice
du Forum, a fondé Social Builder, une start-up qui travaille sur la mixité dans le numérique. Elle
note une différence de dimensionnement dans les projets. En 2015, la levée de fonds moyenne a atteint 2,3 millions d’euros pour les femmes, contre 3,6 millions pour les hommes. L’une des explications tient à l’orientation, qui induit des choix d’études et de vie professionnelle moins tournés vers l’innovation que vers le B to B, qui n’a pas toujours les faveurs des investisseurs. « Les
secteurs dans lesquels
les startuppeuses se lancent sont moins connus des investisseurs, qui évaluent plus difficilement leur potentiel. Beaucoup de projets
portés par des femmes
le sont dans l’e-commerce, la santé, le
bien-être…car elles créent quelque chose qui leur parle. »
63
% des start-up créées par des
femmes en 2015 ayant levé des fonds l’ont d’ailleurs été dans le secteur du e-commerce. Marie-Hortense Varin confirme cette tendance à se diriger vers des secteurs « genrés », mais souligne : « On manque de femmes encore plus cruellement
dans les domaines techno. » Autre frein, l’absence de culture de l’entrepreneuriat, et la méconnaissance des règles du jeu, préalable indispensable pour
développer une entreprise
numérique. Un dernier handicap pointé par Emmanuelle Larroque : « Les femmes ne se projettent pas assez
rapidement dans la
dimension internationale, du coup, elles
ne sont pas prises
au sérieux. »
Le salut par le mentorat ?
Le
dialogue entre entrepreneuses
expérimentées et débutantes est un élément clef,
Sarah Azan,
cofondatrice de Babbler, en a
la certitude : «A nos débuts, ça nous a beaucoup aidés d’être soutenues par d’autres femmes. On a constaté une vraie solidarité féminine dans l’écosystème. Aujourd’hui, on
a envie de partager notre expérience. » Des témoignages, du concret, c’est ce que Rebecca Cathline, CEO de Macoiffeuseafro, a retenu de sa participation au Forum Jeunes Femmes et Numérique en 2015, alors qu’elle n’en était qu’au début de la création de sa plate-forme de réservation de coiffure afro : «Entendre
les intervenants évoquer
les hauts et les
bas de leur vie d’entrepreneur,
se dire “lui aussi est passé par là”, ça m’a rassurée, je
suis repartie plus déterminée.
» Depuis, elle Bénéficie des conseils de
Meryl Job, la fondatrice
de Videdressing, qui
est devenue son mentor. Cet accompagnement, précieux, est aussi un atout dans un milieu où le
réseau compte pour beaucoup. D’après Girls in Tech, les fondatrices de start-up ont levé 90 millions d’euros en 2015, soit trois fois plus qu’en 2014. Emmanuelle Larroque rencontre de plus en plus de femmes qui veulent créer leur entreprise :« Elles
arrivent massivement». Et ces futures entrantes sauront probablement tirer parti de ce qui reste une rareté. Car passées les premières difficultés,
Sarah Azan
confie qu’être une femme a également été un avantage : « Ça nous a mises en lumière, ça
nous a permis de faire parler de
nous. »
Impliquer les hommes
Les
entrepreneuses attisent la
curiosité : « En tant qu’investisseur, je ne pratique pas la discrimination positive, mais j’aurais envie de pousser la discussion avec les rares femmes entrepreneurs. J’ai de l’admiration pour celles qui sont arrivées jusque-là, pour leur
détermination », explique Marie-Hortense
Varin. Et pour réussir, il faut aussi gagner en confiance. C’est d’ailleurs le message que Sarah Azan
souhaite adresser aux femmes qui veulent se lancer. « Oui c’est difficile d’entreprendre, mais il y a autant de place pour les femmes que pour les hommes. Il faut se lancer, qu’elles
se rassurent, qu’elles aient
confiance en elles,
qu’elles y aillent plus
“franco” ! » Les encouragements des actrices du secteur, très concernées par cette question, ne suffiront pourtant pas à susciter des
vocations et à atteindre l’égalité,
alerte Emmanuelle Larroque :« Il ne faut pas que ce soit un sujet de femmes, les hommes doivent être impliqués dans cette démarche pour avoir envie d’investir dans les projets. » Car au-delà de l’identité du porteur de
projet, c’est toujours
sa qualité et son
potentiel qui feront la différence.
Marion Clément
(Les Echos)
Manostaxx
RépondreSupprimerWhat is Procrastination?
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