16/09/2018

Trains autonomes et le numérique à la SNCF

      Nous entendons parler et allons voir sur les routes des véhicules autonomes, la SNCF vise elle aussi des trains autonomes à partir de 2023. De plus le numérique commence à porter ses fruits dans les performances de la maintenance.


Quatre niveaux d’automatisation

      L’association internationale du transport public distingue quatre niveaux d’automatisation. Dans le premier, la conduite reste manuelle, même si elle est appuyée par ordinateur. Dans le deuxième stade, l’ordinateur à bord communique directement avec le système de signalisation de la voie et prend en charge les phases d’accélération et de ralentissement du train. Avec à la clef des économies d’énergie, mais aussi et surtout une réduction de l’intervalle de sécurité minimum entre deux trains, ce qui permet d’en faire circuler plus sur une même ligne. La SNCF travaille d’ores et déjà à la mise en place de ce système sur la ligne TGV Paris Lyon, qui est saturée, afin de passer de 13 à 16 trains par heure en 2023. Au troisième stade d’automatisation, la conduite est entièrement gérée par l’ordinateur, mais du personnel reste tout de même à bord, pour assurer l’ouverture et la fermeture des portes et prendre la main en cas de panne, par exemple. Enfin, au quatrième et dernier stade, le train est entièrement automatique. C’est déjà le cas sur certaines lignes de métro, comme la 1 et la 14 à Paris. L’objectif est plus compliqué à atteindre pour les trains, qui circulent en milieu ouvert, avec donc une probabilité plus forte d’aléas et un environnement plus complexe à surveiller. La SNCF veut néanmoins mettre en circulation des trains de fret semi-autonomes à partir de 2020, et finaliser des prototypes de trains entièrement automatisés d’ici à 2023. D’ores et déjà, le tronçon en cours de construction pour prolonger le RER E, à Paris, doit être équipé du système de signalisation Nexteo. Celui-ci autorise la circulation d’un plus grand nombre de rames, avec un intervalle de 108 secondes entre les trains, à une vitesse plus importante, jusqu’à 120 km/h.

Transformation numérique de la SNCF

     La SNCF vient d’installer dans son technicentre de maintenance d’Hellemmes (Nord) un laboratoire de l’innovation numérique. Le lieu aura une spécialisation : l’usine ferroviaire du futur. La SNCF doit réaliser des gains de productivité dans l’optique de l’ouverture à la concurrence. « Nous devons réduire des deux tiers l’écart de compétitivité qui existe avec nos futurs compétiteurs, rappelle Guillaume Pepy. Pour cela le numérique est un levier formidable. Dès lors que nos processus industriels sont digitalisés, nous parvenons à diminuer les coûts de 30 à 50% »

     Illustration avec la maintenance du matériel roulant- un coût de 2.5 milliards d’euros par an, dont 1 milliard pour la maintenance lourde. Dans le bâtiment principal du technicentre d’Hellemmes, deux morceaux d’un Thalys entièrement désossé attendent l’inspection. Un drone décolle et va filmer le toit d’une voiture puis l’enchevêtrement de câbles électriques qui tapissent la carcasse de la motrice placée à côté. « Avant, les vérifications étaient réalisées par des chaudronniers bardés de matériel de sécurité, explique un cadre du technicentre, L’utilisation des drones permet de ne plus mobiliser des personnels qualifiés et des équipements coûteux pour un simple contrôle. La surveillance constitue une grande partie de la maintenance. Et c’est précisément ce travail que nous parvenons le mieux à numériser ». Ainsi une trentaine de lunettes connectées sont désormais utilisées sur le réseau ferroviaire français. Elles permettent à un expert de voir, à distance et en direct, les pannes de matériel constatées sur le terrain et de guider les réparations.
     Le digital industriel joue un rôle-clé dans la prévention des incidents sur le réseau ferré. La SNCF a mise au point une application baptisée Vibrato, actuellement en test. Installée sur les smartphones des conducteurs, elle capte les vibrations anormales de la voie. SNCF réseau s’est aussi lancée dans la création d’un « jumeau numérique » des 30000 kms de rails français. Cette réplique au millimètres près est réalisée grâce à des radars laser (lidars) placés sur des trains spéciaux qui scannent le réseau afin de le modéliser. Le but, à terme, est de déceler la moindre variation afin d’anticiper les difficultés avant qu’elles ne surgissent.
     Autre nouveauté : « On est à l’orée d’une amélioration considérable de la performance. Les systèmes de signalisation installés à l’avenir entre Paris et Lyon nous permettront de passer de 13 à 16 trains par heure, soit une forte hausse de la capacité sans construction de nouvelles lignes ».
     Manifestement la SNCF y croit : elle a investi presque 1 milliard d’euros dans sa transformation numérique depuis 2015, dont pas moins de 300 millions cette année.
(Informations tirées d’un article du Monde du 1 Septembre)
Bonne maintenance
Olivier

07/07/2018

La sous-traitance chez EDF....Attention...



     « La commission d’enquête parlementaire sur la sûreté et la sécurité des installations pointe les risques d’une maintenance d’EDF sous-traitée à 80 %. Et souligne le manque de formation professionnelle aux métiers du nucléaire.

     Le chiffre a de quoi interpeller : 80 % des travaux de maintenance réalisés par EDF sur ses 58 réacteurs nucléaires en France sont sous-traités. « Le recours à la sous-traitance peut se justifier dans certains cas et n’est pas, en lui-même, porteur de risques », note le rapport de la commission d’enquête parlementaire sur la sûreté et la sécurité des installations nucléaires présenté jeudi par sa rapporteure, Barbara Pompili (LREM). Mais « la perte de compétences des exploitants sur les missions constamment déléguées à des opérateurs extérieures a été clairement identifiée par la majorité des personnes entendues », alertent les parlementaires, qui préconisent de « favoriser la réintégration des compétences au sein des entreprises exploitantes afin de contenir le niveau de sous-traitance et de ce fait, de mieux maîtriser la conduite des sites ». « Le taux a toujours été de 80 %, il n’a pas varié, et la plupart des activités sont confiées à ceux qui ont fabriqué les équipements : Framatome, Alstom et maintenant GE, Schneider Electric… », a expliqué après la présentation du rapport, Dominique Minière, le patron du parc nucléaire d’EDF. « Et la réalisation des activités de maintenance n’est qu’une petite partie des activités : il y a aussi la préparation des activités, la coordination, l’ingénierie, l’exploitation, pour lesquels le taux de sous-traitance est bien inférieur », a-t-il voulu recadrer.

     La perte de compétences dans les opérations de maintenance est identifiée depuis plusieurs années. En novembre l’an dernier, Dominique Minière justifiait des arrêts plus longs que d’ordinaire en raison des « difficultés de compétences que nous constatons actuellement dans certaines équipes, notamment dans les équipes des principaux fournisseurs ». En 2016, le PDG d’EDF, Jean-Bernard Lévy, avait lui-même, lors d’une audition parlementaire, déploré qu’on ne parle plus suffisamment français sur ses chantiers. « Il y a un déficit évident dans l’enseignement professionnel, qui ne nous permet pas de disposer de toute la main-d’œuvre qualifiée dont nous aurions besoin », expliquait-il. De quoi engendrer des erreurs de compréhension potentiellement préjudiciables à la sûreté. EDF a d’ailleurs engagé un programme de réinternalisation de certains postes clefs dans la robinetterie, le soudage et la maintenance des diesels. « On réinternalise une petite partie de ces activités pour mieux contrôler ceux qui les font », a expliqué Dominique Minière jeudi.

     Défaut de surveillance après l’accident nucléaire de Fukushima, le niveau de sous-traitance autorisé est passé de 7 à 3 : le titulaire d’un contrat d’EDF peut ainsi faire appel à un sous-traitant qui fera lui-même appel à un prestataire. Sans toutefois faire varier le taux de 80 %. Au-delà de la perte de compétence, c’est sur le défaut de surveillance de ses prestataires qu’a aussi été questionné EDF ces dernières années : au Creusot sur les fabrications de l’ex-Areva (aujourd’hui Framatome), à Flamanville sur la réalisation des soudures par un sous-traitant de l’ex-Areva, sans compter les avaries techniques qui ont déjà coûté deux années de production à Paluel (Seine-Maritime). « Ce recours massif à la sous-traitance entraîne une dilution des responsabilités, notamment en matière de sûreté », pointe le rapport : « chacun se sent moins impliqué qu’auparavant, certaines anomalies sont constatées sans être reportées, la transmission informelle de l’information, des usages, ne se fait plus ». Ces sous-traitants sont parfois eux-mêmes fragilisés par EDF. Le groupe, pour limiter ses sorties de cash, a lissé et réduit ses investissements dans le grand carénage, le programme de maintenance lourde des réacteurs. Et certaines PME critiquent le parcours du combattant pour gérer leur trésorerie. » (article tiré des Echos du 5/07/18)

   Conclusion :

     Cet article confirme bien que dans toute entreprise les responsables maintenance doivent se poser un jour ou l’autre, les questions suivantes au sujet de la sous-traitance de certaines activités de leur secteur :
-        Que dois-je sous-traiter ?
-        Que dois-je absolument conserver et ne pas sous-traiter ?
-        Comment bien sous-traiter et quelles sont les règles de l’art en la matière ?
-        Comment bien définir mon besoin, pour avoir des coûts les mieux définis et les moins élevés ?
-        Comment obtenir (et contrôler) la qualité du service demandé aux prestataires conformément au contrat associé à un cahier des charges bien défini.

Voir ou relire notre article « Maintenance sous-traitée : quoi, comment, les règles de l’art » sur notre blog du Club des ingenieurs de maintenance. (rubrique « politique maintenance »)

Bonne maintenance
Olivier

16/04/2018

EDF lance Metroscope, la solution d’intelligence artificielle au service de l’excellence opérationnelle de ses clients industriels.



  
     Le groupe EDF annonce la création d’une nouvelle start-up, Metroscope, à destination de ses clients industriels. Metroscope est née d’un projet conçu et construit par une équipe de jeunes entrepreneurs issus de la direction R&D d’EDF, et grâce à l’impulsion et l’accompagnement des équipes d’EDF Nouveaux Business. Cette solution a été testée et approuvée par EDF sur ses propres installations.
     Metroscope propose, aux industriels et aux entreprises, un logiciel pour optimiser leur performance. Cette technologie permet d'identifier automatiquement, et avec une fiabilité prouvée, les aléas affectant un process industriel. Retour sur sa génèse et son avenir!
    
Une aventure industrielle

     Innover pour ses clients est au cœur de la stratégie CAP 2030 du groupe EDF et un engagement fort pour tous ses salariés. Ce sont d'ailleurs de jeunes entrepreneurs salariés de la R&D d'EDF qui ont conçu et construit Metroscope. Grâce à l'impulsion et l'accompagnement des équipes d'EDF Nouveaux business, ce projet est devenu une vraie aventure entrepreneuriale avec la création de la filiale éponyme Metroscope.
     La solution développée par Metroscope détecte au plus tôt les moindres aléas, qui altèrent l'efficacité des installations, alors même qu'ils n'ont pas encore d'impact significatif sur la productivité de l'installation industrielle et sont impossibles à localiser via les outils actuels.
     Grâce à Metroscope, les aléas pourront être détectés cinq fois plus vite et avec une fiabilité supérieure à 90 % ! Cette réactivité permet d’améliorer significativement le délai nécessaire pour retrouver la performance optimale de l’installation. Une aide essentielle à la décision de maintenance.

Un champion du diagnostic industriel

     L’approche du Metroscope est largement inspirée de la sémiologie médicale, à cela près que le patient est en acier !
Pour réaliser un diagnostic, la solution de Metroscope procède en 3 étapes :
1. La prise d’informations : Les mesures issues des capteurs du process industriel sont intégrées et visualisées dans le logiciel. Un premier filtre est appliqué, pour identifier les comportements anormaux des mesures. A ce stade le patient s’exprime, le logiciel écoute.
2. La construction des symptômes : Les informations validées à l’étape précédente sont comparées aux valeurs normales d’exploitation. Cette étape requiert une véritable expertise pour objectiver les symptômes de l’installation. Cette expertise est fournie par la modélisation numérique.
3. Le diagnostic : Quelle est la cause de ces symptômes ? Pour y répondre, le logiciel fait appel à l’intelligence artificielle. Il utilise la modélisation numérique pour tester des milliers de scénarios, avant de livrer son diagnostic.
     Ces étapes peuvent être réalisées de manière totalement automatique ou bien manuellement par l’utilisateur.
     En accompagnant l’utilisateur dans la construction des résultats, le logiciel livre toutes les étapes de son raisonnement. La technologie embarquée par Metroscope est 100 % propriété du groupe EDF, elle a fait l’objet d’un brevet et a été récompensée par le Prix interne EDF Pulse 2017 dans la catégorie Performance Industrielle.

Aujourd’hui les centrales et demain, d’autres horizons pour Metroscope ?

     La solution de Metroscope est aujourd’hui opérationnelle sur plusieurs salles de machines du parc nucléaire français. Les résultats déjà obtenus témoignent de sa finesse dans la détection avec une fiabilité sans compromis. La Direction de la Production Nucléaire a évalué des gains significatifs générés par l’installation du logiciel sur l’ensemble des centrales nucléaires de par son impact sur la performance opérationnelle et environnementale.


     L’année 2018 est l’année de la première phase de développement concret de la solution proposée par Metroscope. Outre EDF, d’autres premiers clients pourront devenir « pilotes » et bénéficier à cet effet d’un accès avantageux à la technologie et participer ainsi à la conception finale du logiciel.
     Dans un premier temps, Metroscope s’adressera prioritairement aux producteurs d’électricité. Sa commercialisation finale auprès d’un panel plus large et diversifié de clients industriels interviendra dans un second temps, à l’horizon 2019.

Conclusion

     Ainsi donc, avec Metroscope, les techniciens peuvent régler ces aléas avant qu’ils ne deviennent de vraies défaillances impactant la productivité de l’usine. Cette solution innovante et brevetée par EDF, représente un atout décisif à la décision de maintenance d’un industriel, avec un impact économique significatif.
     « Les enjeux autour de l’usine intelligente vont croissant et constituent un axe important de notre stratégie commerciale déployée pour nos clients industriels. Metroscope est un véritable stéthoscope des sites industriels qui doit leur permettre de gagner en performance industrielle et en compétitivité. Cette solution innovante permet d’enrichir la gamme de services proposés à nos clients, de continuer à les accompagner aujourd’hui et demain pour leur usine du futur. » (Henri Lafontaine, Directeur Exécutif Groupe)


Merci à Julien Gras de nous avoir fait connaître cet article. Vous aussi, n’hésitez pas à nous demander de publier sur notre blog des informations qu’il vous semble intéressant de partager.
Bonne Maintenance
Olivier

11/03/2018

L'intelligence artificielle: nouvelle révolution industrielle...





     L’année 2018 va voir encore se multiplier un grand nombre d’applications opérationnelles de l’Intelligence Artificielle (IA). Marketing, maintenance, surveillance, logistique, humaines… toutes les activités seront concernées. Voilà quelques informations pour ne pas passer à côté de cette révolution.
     Même si certains historiens font remonter les origines de l’intelligence artificielle à l’Antiquité, avec les premiers automates et les premières tentatives de représenter le raisonnement humain sous une forme mécanique, cette discipline est toute jeune. Elle s’est constituée sous ce nom durant l’été 1956, lorsqu’une vingtaine de spécialistes de la cybernétique (l’étude des « communications et de leurs régulations dans les systèmes naturels et artificiels »), du traitement complexe de l’information, des réseaux neuronaux formels (machines cherchant à imiter le fonctionnement du cerveau), de la théorie des automates ou des modèles de prise de décision, se réunirent au Dartmouth College, une université privée de Hanover (New Hampshire), aux Etats-Unis. Depuis, l’IA a multiplié les approches : réseaux de neurones artificiels (conceptualisés dès 1943), arbres de décision représentant un ensemble de choix sous la forme graphique d’un arbre (1963), systèmes experts capables de modéliser la connaissance d’un expert (1965), fouille de données (le « data mining », apparu dans les années 1990)… « Il n’y a pas une IA mais des IA, résume Cécile Wendling, directrice de la prospective du groupe AXA.

1)L’intelligence artificielle à l’assaut des entreprises :

« En libérant les salariés d’un certain nombre de tâches répétitives et automatisables, l’IA va leur permettre de devenir plus productifs mais aussi plus créatifs : elle devrait entraîner un doublement, ou presque, de la croissance économique de la France d’ici à 2035 », assure même Laurent Stefani, directeur exécutif pour l’intelligence artificielle au sein d’Accenture Technology en France.
Mais qu’est-ce-que l’IA aujourd’hui ?
     Beaucoup d’interlocuteurs ont encore du mal à le dire avec précision : « L’IA, ce sont des systèmes qui vont essayer de se rapprocher le plus possible de l’intelligence humaine », explique Romain Picard, directeur  de Cloudera, une entreprise californienne spécialisée dans les logiciels d’exploitation du Big Data. « L’IA consiste à déléguer à des machines une partie des capacités humaines en termes d’intelligence, de décision et d’action », avance Mouloud Dey, directeur de l’innovation chez SAS France (logiciels d’analytique avancée). La fin du code La difficulté à définir l’intelligence artificielle provient tout simplement de son histoire, au cours de laquelle plusieurs approches ont été tentées. Mais, de toute évidence, une étape décisive a été franchie avec le machine learning, plus facile d’emploi. « Avec le machine learning, on va apprendre à la machine comme à un enfant, analyse Rand Hindi. L’humain n’a pas à comprendre le phénomène pour enseigner à la machine à le reproduire. » Pour apprendre à un réseau de neurones à reconnaître une image de chat, on lui montre des images et on lui dit en sortie si c’est un chat ou pas. A aucun moment, un homme ne doit décrire ce qu’est un chat. « “L’IA, c’est la fin du code”, comme l’avait titré le magazine “Wired” en mai 2016, ajoute même Jean-Philippe Desbiolles, vice-président pour la France de Watson, la solution d’IA d’IBM. « Nous sommes en train de passer d’un monde de programmation à un monde de l’apprentissage où la connaissance, l’expertise et le savoir-être sont clefs. » Les spécialistes estiment qu’à terme, grâce à l’IA, nous pourrons mieux détecter et comprendre les signaux faibles dans l’imagerie médicale, les images satellitaires, les analyses médicales, les bruits, les caméras de surveillance, les textes de loi, les réseaux sociaux, les déclarations fiscales, les réclamations des clients… Ils pensent aussi que le dialogue avec les ordinateurs se fera de plus en plus en langage naturel (la voix ou l’écrit avec le NLP – « Natural Language Processing ») ou par l’intermédiaire d’images : les résultats seront représentés sous forme d’images, y compris en 3D avec des hologrammes
      « Mais, aujourd’hui, concrètement, l’IA reste encore très modeste : nous ne sommes pas encore sur des applications de rupture, mais sur de l’informatique qui s’améliore », prévient Julien Maldonato, associé conseil Innovation chez Deloitte. Lui et ses collègues des autres cabinets de conseil estiment que l’IA doit être utilisée en priorité pour la gestion documentaire (encore appelée automatisation des processus métier, ou RPA – « Robotic Process Automation »), la maintenance prédictive, la gestion de la logistique, le tri des CV, la prévision des ventes et donc de la production, les réponses aux requêtes (achats, demandes d’information, réclamations…) que les clients formulent par courrier électronique ou par téléphone, la détection de fraudes. Les cas d’usage se multiplient : chez l’équipementier automobile Faurecia, la mise en place, avec l’aide de Cloudera, d’un réseau de capteurs connectés dans les usines a permis de développer la maintenance prédictive et de réduire les arrêts de production.

2) Quelques notions à connaitre :

2-1   L’apprentissage automatique
L’apprentissage automatique (« machine learning » en anglais) est une des branches de l’intelligence artificielle. Son autre nom − l’apprentissage statistique − est moins glamour, mais décrit mieux le fonctionnement de ces programmes informatiques capables d’ajuster leur comportement en fonction des données qu’on leur montre en entrée (et éventuellement des données qu’on leur montre en sortie) : leur méthode de travail n’a rien d’intelligent, elle repose sur des processus systématiques, à base d’outils algorithmiques et statistiques comme les arbres de décision, la régression logistique et les fameux « réseaux de neurones ». Par exemple: quelle association et quelles doses de médicament faut-il pour soigner un malade

2-2   Les réseaux de neurones :
Les réseaux de neurones artificiels ont été théorisés en 1943 par deux Américains, Warren McCulloch, neurophysiologiste, et Walter Pitts, logicien, pour qui le neurone était à la base de toute opération logique du cerveau. Ils proposèrent un modèle simple de neurone artificiel, encore appelé neurone « formel » : un neurone binaire qui émet un signal (on dit que la sortie vaut 1) ou non (la sortie vaut 0). Pour prendre cette « décision », il effectue la somme des données (0 ou 1) envoyés par les neurones auxquels il est connecté. Aujourd’hui, les réseaux de neurones peuvent comprendre des milliers, des millions, voire des milliards de neurones. Ils ont besoin de processeurs capables d’effectuer un grand nombre de calculs en parallèle, comme les GPU (« graphics processing units », processeurs graphiques), conçus au départ pour des applications multimédias.

2-3   Reconnaissance des formes :
La reconnaissance de formes (« pattern recognition » en anglais) est une branche de l’intelligence artificielle surtout connue pour ses applications à la reconnaissance d’images (le mot « forme » est à comprendre dans un sens très large : contenus visuels ou sonores, images médicales, images satellitaires…). Pour apprendre à un réseau de neurones artificiels à reconnaître des images de chat, on lui montre, en entrée, des images de toutes sortes, et, en sortie, il annonce quelle est la probabilité que ce soit un chat. En cas d’erreur, il modifie de lui-même son processus de prise de décision. Les techniques actuelles donnent d’aussi bons résultats qu’un humain. Après avoir appris à un réseau de neurones à reconnaître 2.000 maladies parmi 130.000 photos de lésions de la peau, sept chercheurs de l’université Stanford l’ont mis en compétition avec 21 dermatologues pour la reconnaissance de mélanomes. Les résultats, publiés en 2017, étaient comparables.

2-4   Traitement du langage naturel :
Le traitement automatique du langage naturel (NLP, pour « natural language processing » en anglais) est un mélange de linguistique, d’informatique et d’intelligence artificielle, qui vous permet de ne plus devenir fou au téléphone : il y a encore quelques années, il fallait s’armer de patience pour dialoguer avec les standards automatiques qui nous demandaient d’appuyer sur telle touche de notre téléphone avant de nous mettre en communication avec le service demandé… ou de nous enfermer dans une boucle infernale. Désormais, grâce à la reconnaissance vocale, nous sommes mis en relation avec un « chatbot », un agent conversationnel, avec lequel nous dialoguons en langage naturel. Cette technologie nous permet également de donner des ordres à notre smartphone ou à une enceinte intelligente qui nous répond par synthèse vocale. Elle s’applique aussi à l’écrit, avec les bots sur les sites Web, ou à la transcription automatique des échanges entre un patient et un médecin.

3)  De nouvelles compétences à développer :

     L’intelligence artificielle va-t-elle détruire des emplois, et si oui, combien ? Derrière cette question omniprésente − mais à laquelle il est impossible de répondre avec précision − se cache une autre, rarement abordée et pourtant aussi cruciale : la place de la formation et des compétences. Un chantier aussi immense que négligé. Une étude réalisée par Accenture l’illustre de façon cruelle : la majorité (72 %) des 1.200 cadres interrogés par le cabinet estime que les « technologies intelligentes » vont jouer un rôle primordial dans « la capacité des entreprises à se différencier ». Quant aux dirigeants, ils sont plus de la moitié (54 %) à estimer que « la relation homme-machine constitue une de leurs priorités stratégiques. » Ils sont pourtant seulement… 3 % à envisager « d’augmenter significativement leurs investissements dans la formation de leurs salariés pour les préparer à cette collaboration. »
 « Ne nous trompons pas d’objectif : il faut protéger les employés, non les emplois. Car, de tout temps, des emplois ont disparu et de nouveaux ont vu le jour, avec, in fine, un nombre total d’employés toujours plus important », prévient Fabrice Asvazadourian, directeur exécutif d’Accenture. Ce qui laisse augurer d’un titanesque chantier autour de la formation. Le Comité d’orientation pour l’emploi (COE) avait tenté de l’estimer. Selon lui, 10 % des emplois sont susceptibles d’être supprimés et « 50 % seront notablement ou profondément transformés », dans tous les secteurs de l’économie et sur l’ensemble du territoire. « Ces évolutions vont se produire d’ici dix à quinze ans. C’est inédit et suppose une montée en compétences massive d’une très large partie de la population active. La grande erreur serait de croire que cela ne concerne que les gens sans qualification », s’alarme Marie-Claire Carrère-Gée, présidente du COE. Le rapport souligne notamment que 8 % de la population active (chômeurs inclus) n’a aucune compétence numérique et que, pour 27 %, le niveau est faible. Plus inquiétant, 13 % des actifs en emploi sont en difficulté du point de vue des compétences cognitives de base et 30 % devraient progresser « pour disposer de meilleurs atouts », note le rapport. L’arrivée de l’informatique et l’automatisation, à partir des années 1970, avaient déjà constitué une révolution. Avec l’intelligence artificielle, des bouleversements d’une autre ampleur s’annoncent. « Le gain sera de la même ampleur que pour l’ouvrier qui passe de la main à la pelleteuse pour creuser », annonce Bernard Belletante, directeur général d’EM Lyon.
      Une compétence clef des futurs managers sera sans doute l’esprit critique. Objectif : savoir garder ses distances avec les résultats produits par l’intelligence artificielle et notamment le « deep learning ». « La machine ne sait pas communiquer et expliquer ses résultats », note François Taddei. Redoutables tâches qu’auront les managers lorsqu’ils devront trancher et prendre des décisions.
     Face à la puissance d’analyse des machines, créativité, communication, esprit critique ou charisme seront des compétences clefs. Malheur à ceux qui ne les maîtriseront pas, en particulier chez les managers.

4) Conclusion

Les entreprises françaises sont-elles assez avancées dans leur numérisation pour tirer parti de l’IA ? « Non, et c’est là le sujet. L’intelligence artificielle est en soi un sujet spécifique, mais elle constitue aussi de façon plus générale la nouvelle vague de la numérisation. Les entreprises qui étaient déjà en retard sur la numérisation le sont aussi sur la mise en place d’outils d’intelligence artificielle. Sur la partie spécifique, il faudra plus de chercheurs ou de R&D sur des secteurs très consommateurs d’IA, comme la santé, les transports ou l’énergie. Mais l’IA sera aussi un facteur de transformation pour 100 % de l’économie. Et là, on doit rattraper notre retard : la France est 16e au niveau européen pour la numérisation des PME et TPE. C’est pour cela que nous annoncerons un plan pour les aider à se numériser, en partenariat avec les régions, en même temps que le plan sur l’intelligence artificielle. Il faut à la fois aider les entreprises à rattraper leur retard et avoir une première ligne de champions qui deviendront les leaders et les fournisseurs de solutions de demain ».( MOUNIR MAHJOUBI, secrétaire d’Etat chargé du numérique)

(Tiré d’un article des Echos du 9 Mars 18)

Bonne maintenance
Olivier