25/09/2015

Le bonheur au travail : la belle histoire d'une entreprise française



          Le bonheur au travail ? Parlons-en…. Mon travail a-t-il un sens ? Suis-je bien rémunéré ? N’ai-je pas un problème avec ma hiérarchie ? Quelles sont mes perspectives de carrière ?... Peut-on être heureux durant tout ce temps passé dans notre entreprise ? La crise actuelle ne favorise pas un climat d’épanouissement fort, un dynamisme créateur, une confiance en l’avenir rassurante….
Une étude récente révèle que :
- 30% des personnes sont malheureuses au travail (ce qui est mauvais pour l’entreprise)
- 10% des personnes sont engagées
- 60% sont désengagées (travail = salaire et c’est tout)
L’argent est un facteur de reconnaissance, mais les gens ne travaillent pas seulement pour l’argent. Ils sont heureux au travail quand on leur donne un but, un épanouissement, quand ils sont maîtres de leur destin. Il y a de la motivation quand le travail se fait dans le respect, la confiance, et avec d’autres gens (esprit d’équipe).
Des structures hiérarchiques peu agiles, des horaires de travail rigides, l’absence d’information sont des facteurs de frustration personnelle et d’inefficacité professionnelle. Pourtant, des entreprises ont choisi des méthodes managériales alternatives : C’est l’exemple des entreprises "libérées". Leur principe : la suppression de toute hiérarchie intermédiaire doublée d'une autonomie totale des salariés à propos des décisions prises pour améliorer leur productivité. Par ailleurs, leurs leaders sont choisis par les salariés. Et cela marche : la croissance de ces sociétés est relancée de manière assez spectaculaire ; les bonus, augmentations et dividendes ne tardent pas à tomber. Nouvelle forme d’organisation du travail de demain ?
C’est le cas de l’entreprise FAVI, qui est une PME du Nord de la France, fonderie leader européen des fourchettes de boîtes de vitesse. Son patron Mr Jean François ZOBRIST a décrit ses organisations et ses méthodes de management dans deux livres que je vous recommande particulièrement (« La belle histoire de Favi, l’entreprise qui croit que l’Homme est bon » Tome 1 Nos belles histoires, Tome 2 Notre management et nos outils. Humanisme et Organisations Editions). Vous pouvez aussi regarder des vidéos très convaincantes sur le site de Favi:
https://www.youtube.com/watch?v=KXIy_qlmq1Q et https://www.youtube.com/watch?v=pBTdhwXpKOA
Cette entreprise m’a emballé : elle sait allier compétitivité et bien-être. Son secret : responsabiliser ses salariés pour améliorer la performance de l’entreprise. Constatant qu’il n’y a pas de performance sans bonheur et pas de bonheur sans responsabilité, JF ZOBRIST a décidé de laisser ses ouvriers s’autogérer et de supprimer les échelons hiérarchiques. Les ouvriers travaillent pour leurs clients (contacts directs) et non pour leurs supérieurs.
J’ai retenu de ces livres quelques principes, des bonnes idées et quelques pensées que je vous propose :
- Management des Hommes par les Hommes et pour les Hommes
- Favi est une entreprise qui croit que l’homme est bon, non pas par altruisme mais par volonté constante et cohérente d’instaurer une démarche de productivité afin de durer : donc pas de contrôle (chaque opérateur est garant de sa qualité), confiance (« la confiance rapporte plus que le contrôle », « quand on contrôle tout, les mauvais prolifèrent – quand on ne contrôle rien, ça se régule gentiment »), plus de pointage, magasin non fermé en libre-service , plus de bureau des méthodes, autonomie et indépendance de chacun à son poste , mis en place des cellules autonomes de production appelées mini-usines ( dédiées à un client, avec un leader et un commercial, responsable de son organisation, de ses lancements et commandes de matériels, de sa gestion de personnels, des temps de pause, de ses investissements en nouvelles machines…) . Petite révolution tout de même par rapport à ce que chacun de nous peut connaître comme organisation du travail…
- La volonté de reconsidérer l’homme au travail se manifeste chez Favi par un transfert de pouvoir et de responsabilité aux salariés quels que soient leurs grades, par la remise en cause permanente personnelle et collective de la façon de travailler, par un système d’amélioration continue, de gains permanents de productivité.
- Une partie du bénéfice de l’entreprise est redistribuée d’une façon égalitaire à tout le personnel.
- Le système Favi fonctionne (depuis 25 ans). Les valeurs de Favi sont éprouvées. Le système s’autorégule. Le personnel reçoit tout ce dont il a besoin pour s’épanouir, il s’organise librement, peut prendre des initiatives. Entreprise très réactive. Gens sereins, turnover faible, pas de syndicat, forte communication… (Que du bonheur au travail ?)
- Devise de Favi : « Toujours plus, mieux pour moins cher, dans l’amour de nos clients, à Hallencourt et dans le respect de la terre de nos enfants ». La performance vient des opératrices et opérateurs : pour résoudre un problème de terrain, c’est l’ouvrier le mieux placé « celui qui fait, sait ».
- « Bonne foi, bon sens, bonne volonté, bonne humeur » sont leurs valeurs morales (et oui ça existe encore). Respect de l’autre, marques régulières d’estime et de reconnaissance, simple confirmation aux opératrices et opérateurs qu’ils sont les acteurs les plus importants de l’entreprise.
- Pour être heureux, il faut être responsable. Pour être responsable il faut être conscient du pour quoi et du pour qui de ses actions, donc être en contact DIRECT avec SON client, être totalement libre du comment de ses actions, donc ne pas avoir de structure entre l’opérateur et son client, et mettre en place, tout au plus, une assistance « quérable », à son initiative, à sa disposition (bureau d’études, laboratoire, qualité, maintenance, administratifs)
- Pour un effectif de 500 à 600 personnes, pas de service du personnel, pas de régleur, pas de chef d’équipe, pas de chef d’atelier, pas de chef de service, pas de chef de fabrication… (Que 2 niveaux hiérarchiques en fabrication, incroyable non ?) « Eviter tous les jobs à la con, ne faire que le travail utile à la société, éviter l’organisation bureautique qui consiste à travailler pour d’autres, faire un papier d’un bureau pour l’autre, évaluer les uns par rapport aux autres (le besoin alimente le besoin).



        Dans certaines entreprises il y a moins de productifs que d’improductifs. !!! On vire des productifs, des commerciaux et on crée des contrôleurs …Tout ce qu’il ne faut pas faire ».
- Le patron est un peu l’entraineur d’une équipe de football, il ne doit pas entrer dans le jeu. Son rôle est de découvrir les signes d’un changement ou d’un problème. Il se place à la frontière séparant l’intérieur et l’extérieur de l’entreprise. Il gère le long terme.
- Sur 1000 infos, on en traite 100, qui débouchent sur 10 actions dont 1 seule est pérennisée. Et le profit résulte d’actions pérennisées.
- Qui veut s’améliorer doit se mesurer, qui veut être le meilleur doit se comparer.
- Il faut FAIRE pour comprendre, il faut que l’action génère la réflexion (« faire en allant », donner plus d’importance à l’action qu’à la réflexion).
Je pourrais continuer très longtemps à vous faire partager tout ce qui caractérise cette entreprise (un peu hors du commun), à vous démontrer qu’il existe des boîtes sans trop de chefs ni de services, qui font du profit, qui marchent, dans lesquelles des valeurs morales animent la vie de l’ensemble du personnel de l’ouvrier au parton, où le bonheur au travail n’est pas un vain mot.
Il est vrai aussi qu’on ne trouve pas dans ces livres de JF.ZOBRIST tout ce qui n’a pas fonctionné, ce qui a eu du mal à démarrer, ce qui ne marche pas très bien encore aujourd’hui, les échecs ou les abandons, les difficultés de mise en place des nouvelles organisations, le poids des habitudes… On se doute bien que tout n’a pas été rose et facile et que beaucoup d’énergie, de persuasion et de conviction ont été nécessaires. Organisation du travail plus facile à mettre en place aussi dans une PME que dans une grosse boîte ou un grand groupe.

Incroyable, génial… Quel bel exemple d’entreprise qui marche … une véritable EQUIPE au boulot… fierté du personnel et de son « entraineur »… Satisfaction et fidélité de ses CLIENTS… Que du bonheur…
Olivier



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